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Bien que l’épandage des produits résiduaires organiques (PRO) en agriculture se justifie par une valeur économique [1],  il est nécessaire d’en évaluer les impacts potentiels, ainsi bien positifs que négatifs. En effet, les PRO épandus peuvent être vecteurs de polluants qui pourraient diminuer la qualité des sols cultivés, en particulier leur composante biologique [2]. De plus, un impact sur la macrofaune du sol, et notamment les lombriciens (ou vers de terre), pourrait avoir des conséquences sur le fonctionnement du sol et de son écosystème. Dans cette étude, un suivi des communautés lombriciennes (abondance et biomasse) a été réalisé en plein champ en conditions de grandes cultures sur le site QualiAgro. Nous avons également étudié les répercussions fonctionnelles de ces variations d’abondance en quantifiant la macroporosité d’origine lombricienne grâce à la tomographie aux rayons X.

Résultats majeurs

Pour la pérennisation de la filière de valorisation des produits résiduaires organiques (PRO) en agriculture, il est nécessaire d’en évaluer les effets tant négatifs que positifs sur la faune du sol. Cette étude évalue les effets de PRO sur les communautés lombriciennes en conditions de grandes cultures sur un site expérimental de plein champ (site « Qualiagro » à Feucherolles) où différents amendements sont épandus à des doses élevées mais réalistes depuis 8 ans avec un apport tous les 2 ans. Parmi les composts épandus sur ce site, nous avons choisi d’étudier les effets de 2 d’entre eux, un compost d’ordures ménagères résiduelles (OMR) et un compost de déchets verts et de boues de stations d’épuration (DVB). Les sols ont reçus par ailleurs une fertilisation minérale azotée. Ces deux traitements organiques ont été comparés à 2 témoins exempts d’épandage, l’un ayant reçu une fertilisation azotée (TN), l’autre pas (T0). L’épandage d’OMR exerce des effets positifs, durables et significatifs sur les communautés lombriciennes (augmentation des effectifs d’une part, et augmentation du poids des vers adultes de l’espèce majoritaire, d’autre part) alors que DVB a des effets plus limités et moins durables (figure 1).

Figure 1: Biomasses lombriciennes moyennes (et erreurs standards). Des symboles portant des lettres différentes sont significativement différents au seuil de 5 % (chaque date testée séparément). L’absence de lettre pour une date révèle une absence de différence significative et les différences non significatives entre les 2 témoins T0 et TN ne sont pas indiquées.

En ce qui concerne les réseaux de galeries, nous avons mis en évidence que la plus grande abondance de vers de terre dans les parcelles amendées se traduisait par un réseau de galeries plus dense et plus profond. Globalement, on peut affirmer que les épandages des 2 composts étudiés dans les conditions expérimentales du site de Qualiagro n’ont aucun effet délétère sur les communautés de vers de terre.

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Références

1. Houot S, Francou C, Vergé-Leviel C, Michelin J, Bourgeois S, Linères M, Morel P, Parnaudeau V, Le Bissonais Y, Dignac MF, Dumat C, Cheianb A, Poitrenaud M, 2003 - Valeur agronomique et impacts environnementaux de composts d’origine urbaine : variation avec la nature du compost. In : « Agriculture et épandage de déchets urbains et agro-industriels » (M. Tercé, Ed.). Les Dossiers de l’environnement de l’INRA, 25, Paris, pp. 107-124.

2. Barrerra I, Andrès P, Alcaniz JM, 2001 - Sewage sludge application on soil : effects on two earthworm species. Water, Air and Soil Pollution, 129, pp. 319-332

Affiliations

1) UR 1115 INRA « Plantes et Systèmes Horticoles », 84914 Avignon cedex 09, France
2) Laboratoire de Toxicologie Environnementale, UMR 406 « Écologie des Invertébrés » INRA / Université d’Avignon
et des Pays du Vaucluse, 84914 Avignon cedex 09, France
3) CreeD, Veolia Environnement, 78520 Limay, France
4) UMR INRA / INAPG « Environnement et Grandes Cultures », 78850 Thiverval-Grignon, France