Si diversifier les systèmes et s'appuyer sur la biodiversité pour produire permet de tendre vers plus de durabilité, tout ne semble pas toujours facile pour les agriculteurs... Pourquoi s'appuyer sur la biodiversité pour produire ? Quels impacts cette complexification des systèmes horticoles peut-elle avoir sur le système, et sur le métier d'agriculteur ? Comment certains se sont-ils adaptés pour surmonter ces difficultés ? Ce sont les questions que nous avons explorées au cours de ce webinaire....

Pierre Clerc (Mas des Grands Cyprès), Nicolas Verzotti (Ferme du Colibri) et Serge Fluet (Clos de Flore), tous trois agriculteurs dans le Sud-Est, ont dans un premier temps présenté leur ferme, et la manière dont ils ont intégré de la biodiversité, cultivée ou non. Pierre Clerc a fait le choix de diversifier ses productions à l’échelle de la ferme mais aussi de la parcelle, en intégrant par exemple des brebis et plus récemment des cochons dans les vergers et vignes. Ses raisons sont multiples : diversification économique, assainissement des parcelles et régulation biologiques, intérêts gustatifs… Serge Fluet a quant à lui diversifié les espèces et variétés cultivées sur la ferme lors de sa conversion à l’agriculture biologique il y a 14 ans, pour respecter le cahier des charges de l’AB mais aussi en vue d’adopter des pratiques cohérentes avec l’évolution de son mode de production. Il y a quelques années, Serge a accepté d’expérimenter avec le Grab (Groupement de Recherche en Agriculture Biologique) la mise en place de bandes fleuries pour favoriser la présence de Macrolophus, des ennemis naturels natifs pour réguler un ravageur des cultures de tomates sous abris, Tuta absoluta. Nicolas Verzotti, troisième agriculteur intervenant dans l’évènement, explique pour sa part comment il a choisi, en s’installant, de mettre en place de nombreuses haies ainsi qu’un verger-maraicher pour favoriser un microclimat intéressant pour les légumes, mais aussi des interactions escomptées bénéfiques entre les différentes espèces qui se partagent l’espace sur la parcelle. 

En deuxième partie du webinaire, chaque agriculteur a pu partager son retour d’expérience sur cette bio-diversification. Des intérêts agroécologiques et/ou commerciaux, des adaptations nécessaires et parfois des retours en arrière face aux difficultés rencontrées. Les trajectoires suivies par Serge, Nicolas et Pierre diffèrent et apportent des pistes d’adaptations, dont certaines restent encore à approfondir pour faciliter le déploiement de ces pratiques dans le paysage agricole. Si produire en s’appuyant sur la biodiversité ne semble pas être à l’origine d’une nouvelle forme d’asservissement pour les trois agriculteurs témoins, les complexités restent importantes à prendre en compte et les compromis parfois nécessaires pour profiter des effets agronomiques et environnementaux bénéfiques de la bio-diversification…

Marianne Cerf, ergonome des systèmes agricoles, propose à l’issue des deux parties du webinaire une synthèse et une mise en perspective par rapport aux travaux menées par ailleurs sur les relations entre travail des agriculteurs et pilotages de systèmes complexes.

> Voir le replay du webinaire 

Un webinaire organisé dans le cadre de l’UMT SI-BIO, préparé et animé par Vianney Le Pichon (Grab) et Blandine Rosiès (ITAB), Stéphane Bellon (INRAE), Sylvaine Simon (INRAE), Pierre Franck (INRAE)