Compte-rendu

Compte-rendu de l'école-chercheur créativité

Compte-rendu de l'école-chercheur "Pour une recherche créative et innovante sur la matière organique"

Origine par organisme

Origine par fonction

figure organismes

figure fonction

  • Les phénomènes extérieurs expliquant l’innovation, tels que le raccourcissement des cycles de vie des produits, la rapidité de la maturation des techniques nouvelles, ou encore le poids élevé des premières décisions (au cours de la phase de conception) dans le coût global de l’innovation.
  • Des définitions : l’évolution technologique peut être représentée avec le modèle de l’œuf sur le plat, incluant deux éléments essentiels, les connaissances scientifiques et techniques et les savoir-faire connexes.
  • L’exposé des différents points à améliorer ou modifier dans un processus d’innovation (la mise en marché, la nouveauté, les aspects cognitifs, l’amélioration des rendements, des performances, l’incertitude, l’opportunité de voir avant les autres les nouveautés à développer) nous a permis de définir la place du chercheur dans les processus d’innovation et de faire des analogies entre les procédés qui conduisent à de nouveaux produits et les progrès novateurs en recherche.
  • Les courbes en S : un plateau en termes de performances d’un produit indique la nécessité de trouver les questions de recherche pertinentes pour relancer l’innovation et d’identifier les domaines techniques sur lesquels on est en train de plafonner, de manière à créer des espaces où innover.
  • La théorie CK, qui a été mise en pratique dans les ateliers le deuxième jour : en innovation, on travaille dans 2 espaces, l’espace K, des connaissances, bien connu des chercheurs, et l’espace C, des concepts. Un concept est un objet que l’on partage, que l’on sait décrire mais qui n’a pas forcément de réalité logique (ex : l’hameçon transparent). Un processus d’innovation est un aller-retour entre l’espace des concepts et l’espace des connaissances, et nécessite l’extension conjointe de ces deux espaces. L’espace CK est utilisé pour classer les idées nouvelles, qui peuvent être basées sur des savoirs nouveaux à développer ou sur des ruptures de concepts.
  • Le processus projet, avec un début et une fin, il est temporaire. Les recherches se font étape par étape.
  • La transformation matérielle : processus de transformation des connaissances et des objets, se construisant en passant d’une échelle à l’autre (paillasse, labo, micropilote, système in situ).
  • Le processus cognitif, qui se produit dans la tête des individus ou des équipes et implique de penser différemment (par les techniques qui seront appliquées dans les sous-groupes).
  • Le processus permanent : en permanence, de manière très organisée, les personnes d’une équipe ou d’une unité vont proposer des pré-projets pour l’avenir. De cette façon le chef d’unité aura en permanence un porte-feuille de pré-projets qu’il gèrera en fonction des opportunités (appel d’offre).
  • D’un point de vue juridique, une idée n’est pas protégée.
  • Une idée initiale ne vaut rien si elle ne passe pas par une phase de confrontation, de maturation. L’idée d’un individu qui ne la partage pas a très peu de chance d’être développée.
  • La réactivité, la vitesse de réalisation est un moyen de protection : celui qui est protégé a pris de l’avance en terme de compétences acquises, de réseaux, et de capacité à les mobilise. C’est le principe d’open innovation.
  • Plus un projet est compliqué en nombre de disciplines, plus il est facile à protéger, car il y a peu de chances qu’un autre groupe se mette en place avec toutes ces compétences.
  • Contourner les barrières mentales liées aux connaissances, à la complexité des systèmes, au cloisonnement des domaines scientifiques,
  • Changer de thématique pour éviter l’ennui,
  • Chercher des liens avec d’autres disciplines,
  • Ne pas lire la littérature : plus on a d’expérience, plus la littérature peut canaliser notre pensée, ou nous amener à nous censurer, par son côté intimidant,
  • Avoir le temps de s’ennuyer, de procrastiner, de surfer,
  • Noter toutes les idées,
  • L’importance de l’auto-apprentissage continu.
  • Trop de connaissances, d’expérience et de certitudes, dont il faut se libérer,
  • La peur : de la nouveauté, d’être jugé, de se tromper,
  • L’image de soi favorisant un sentiment d’efficacité, de logique et de sérieux face au rêve et à la fantaisie.
  • Des moyens : accepter les idées des autres, s’ouvrir, écouter, regarder différemment les choses, apprendre et désapprendre,
  • Des méthodes que nous avons pu explorer dans les ateliers en sous-groupes : le rêve éveillé (penser librement) ; le raisonnement inversé ; l’analogie ; les cartes cognitives
  • Thème 1 : Dynamique des matières organiques,
  • Thème 2 : Réactivité des matières organiques,
  • Thème 3 : Nouvelles fonctionnalités des matières organiques.
  • Aucune approche et réflexion négative pendant la première séquence. On n’a pas le droit d’utiliser des expressions négatives telles que "ça existe déjà", "je n’y crois pas", "impossible", etc,
  • Un animateur qui peut changer au cours de la séquence note tout ce qui se dit, sur un paper-board ou sur des post-it,
  • Des fiches projet sont rédigées, en commun ou par petits groupes,
  • On commence par "la purge", où on cite toutes les idées que soulève le thème proposé, et en proposant des pistes en fonction de mots clé, on liste 3 ou 4 grandes thématiques,
  • On fait une carte mentale de l’ensemble,
  • Exercice d’analogie : sur des thèmes imposés (mobilité dans la ville, voiture en libre-service, transformation d’un vieux meubles).
  • La difficulté de sortir du cadre (on reste dans nos grandes thématiques), la difficulté d’innover sur des choses simples (surtout des innovations technologiques compliquées) et le cheminement nécessaire avant de trouver des pistes vraiment intéressantes, que nous avons simplement initié au cours de cette première séance,
  • La nécessité de produire beaucoup plus de fiches au cours de la seconde séance, en approfondissant les premières,
  • Un thème commun aux trois groupes sur les questions analytiques, qui peut relever du fantasme (une machine à caractériser la matière organique) mais peut aussi pointer un sujet fondamental qui ne peut être développé qu’en partenariat avec d’autres disciplines,
  • La nécessité d’utiliser mieux la technique d’analogie, en allant plus loin, en prenant des risques.
Participants L’école-chercheur "Pour une recherche créative et innovante sur la matière organique" s’est déroulée du 29 janvier au 1er février 2012 à la station de biologie marine du CNRS à Roscoff (Finistère). Elle a réuni 25 participants (20 inscrits et 5 organisateurs), dont les organismes d’origine et les fonctions sont présentés sur la Figure 1, et l’origine géographique sur la Figure 2. Malgré le relativement faible nombre d’inscrits (20), on constate une distribution très satisfaisante des provenances des participants. L’objectif étant de diffuser le plus largement possible auprès des équipes travaillant sur les matières organiques la démarche d’innovation, il était important que la plupart des équipes soient représentées. Figure 1 : Origine des participants par organismes et par fonction
figure géographie
Figure 2 : Origine géographique des participants Déroulement de l’école-chercheur Au cours de 2 journées et demi de travail, des séances de créativité en 3 sous-groupes de 8 à 9 personnes ont alterné avec des exposés en plénière par les deux formateurs de l’équipe de Recherche sur les Processus Innovatifs (ERPI, Université de Lorraine). Les exposés L’école-chercheur a débuté par un exposé de Vincent Boly sur l’ingénierie de l’innovation, présentant trois points essentiels : Nous ont aussi été présentés quelques éléments théoriques, sur : Vincent Boly nous a présenté une classification des processus d’innovation proposée par l’ERPI : Un point sur la propriété des idées : Un exposé de Mauricio nous a présenté des éléments de réflexion sur la place du chercheur dans l’innovation, à partir d’un article sur les principes de créativité (référence ?). Un bon chercheur développe généralement des connaissances, des compétences techniques, et une capacité à communiquer, mais plus rarement l’originalité, la créativité. Il nous a présenté quelques points permettant de développer la créativité du chercheur (capacité à générer des idées originales) : Pour être créatif, il faut une pensée divergente et une compétence cognitive qui s’apprend et s’exerce. La mise en œuvre de la pensée divergente est très dépendante de facteurs affectifs, et liés à la situation et à la motivation. Les freins de la créativité sont par exemple : Pour favoriser le processus créatif, il existe : Un exposé sur l’open innovation Les projets innovants sont de plus en plus pluridisciplinaires, et ils nécessitent de se confronter aux autres. En ouvrant les recherches, il est plus facile et plus rapide (et moins coûteux) de faire des avancées, de trouver des réponses scientifiques ou technologiques, qu’en se protégeant. Ce principe est utilisé aujourd’hui par certaines entreprises pour des raisons économiques. (http://blog.openinnovation.net/) Une modalité de l’open-innovation : Les living-lab Le principe des living labs nous a été présenté à travers l’exemple du projet de la montre verte qui utilise les citoyens comme capteurs de la pollution et du bruit dans une ville. On fournit à des citoyens une montre avec GPS et capteurs qui envoie des informations en temps réel sur la concentration en ozone de l’air et sur le bruit. Les citoyens ont un intérêt à participer pour savoir par où passer, quelles sont les rues les moins polluées. Une campagne de mesure aurait coûté beaucoup plus cher (10 capteurs seulement sont placés à Paris et ne permettent pas de tracer une carte aussi précise). Un living lab est donc un partenariat entre les citoyens et les entrepreneurs et des acteurs publics. Les living-labs sont un point de rencontre entre les recherches et les applications, dans un processus de co-création. Le premier Living lab est né en 1995 au MIT. Ils sont surtout développés aujourd’hui en Europe (beaucoup en Europe du Nord) et disposent d’une communauté (European Network of Living Labs, ENoLL : http://www.openlivinglabs.eu/). Il existe un projet européen de rural living labs. Le travail en sous-groupes Les participants sont répartis dans 3 sous-groupes qui ont été constitués par les organisateurs avec pour principe d’obtenir la plus grande diversité (géographique, institutionnelle, des fonctions et thématiques des participants) possible. A chaque sous-groupe est attribué un thème : 1ère séance, deux heures pour découvrir le processus créatif et le prendre en main. Vincent Boly introduit cette séance en rappelant quelques points : Des règles de fonctionnement : Le déroulement : A l’issue de cette séance une quinzaine de fiches idée ont été proposées en tout (entre 3 et 6 par sous-groupe). Vincent Boly remarque différents points :

2ème séance, deux heures pour rédiger de nouvelles fiches projet
A l’issu de cette séance, plus d’une cinquantaine de fiches projet ont été rédigées par les sous-groupes.
3ème séance, deux heures pour trier et classer les idées
Avant cette séance, Vincent Boly fait un exposé sur les méthodes de tri et de classement des idées que l’on va devoir appliquer. Laissant de côté une des écoles qui consiste à ne retenir que les meilleures idées, il nous propose de garder toutes les idées et de toutes les travailler, les trier, les cartographier.
Pour trier et classer les idées plusieurs propositions :

  • La théorie CK : définir si la fiche rentre dans une des catégories : peu novateur ou novateur (extension dans le domaine des concepts), si les connaissances existent ou si elle impose une forte extension dans le domaine des connaissances. Il faut arriver à un portefeuille de fiches projets équilibré, présentant des fiches dans les 4 cases de l’espace CK. Des fiches pousseront à prendre des risques, imposant des développements de connaissances très forts et un développement de concept très fort. Ce qui fonde l’avenir d’un laboratoire, ce sont les projets à fort développement dans les domaines du C et du K. Les autres projets fondent sa réputation mais pas son avenir. L’évaluation du degré de nouveauté, permet d’avoir une approche prospective sur la place du laboratoire au niveau international,
  • Durée prévisionnelle du projet et nombre de disciplines à mobiliser, en interne et en externe. Beaucoup de disciplines à mobiliser en externe peuvent être un atout (créer des réseaux) mais aussi un obstacle à la mise en œuvre du projet (temps pour les mobiliser, capacité à travailler avec d’autres disciplines). Là encore, il faut un portefeuille d’idées équilibré, avec des idées réalisables en interne, d’autres plus risquées, et une diversité de durées.

L’ERPI développe un logiciel de stockage des idées, pour pouvoir les retrouver facilement si la technologie ou les connaissances évoluent et les rendent plus réalisables. Cet outil permet le management d’un patrimoine d’idées.

  • Le road mapping : après avoir classé les projets par les techniques précédentes (place dans l’espace CK, compétences à mobiliser, durée), il faut réaliser un planning d’acquisition des compétences, en deux dimensions. Avec un axe de temps horizontal (3 échelles de temps : 0-5 ans, 5-10 ans, Au-delà de 10 ans), et sur l’axe vertical, les grands domaines de connaissances scientifiques et techniques qu’il faut maîtriser, les services qui seront générés, les domaines d’application, les fonctions et les produits.

Au cours de ces trois séances, nous avons ainsi vu les trois étapes amont de l’innovation

  1. l’émergence de concepts,
  2. le classement des concepts,
  3. la mise en cohérence de tous les projets et de la logique scientifique à travers la road-map.

Présentation des fiches projet produites
Les trois sous-groupes ont présenté en plénière la carte mentale de toutes leurs fiches idées et quelques exemples de road-map. Une discussion générale a suivi sur les idées proposées :
Quatre types d’idées ressortent :

  • Des idées qu’un individu a amenées et qui ont évolué par confrontation,
  • Les idées qui se sont enrichies par une autre idée,
  • Quelques idées nouvelles, comme l’intestin urbain,
  • D’autres façons d’aborder le problème : réfléchir entre le diffus et le centralisé.

Quelques commentaires généraux soulevés par Vincent Boly et la salle suite à ces présentations :

  • On retrouve plusieurs idées communes à deux ou trois groupes (le vers de terre espion ou sentinelle, le piégeage des métaux, la séparation des constituants de MO): il est normal que des gens qui travaillent depuis longtemps sur les mêmes thématiques partagent des idées futures,
  • L’idée des vers de terre espion valide l’approche abordée pendant ces journées : le spécialiste qui a été contacté pendant l’école-chercheur était arrivé à la même idée que les non spécialistes qui ont travaillé avec la méthode de créativité,
  • Peu de projets sont centrés sur nos disciplines, beaucoup ne relèvent pas de notre communauté. L’avenir d’une discipline est par association avec les autres. Dans ce type d’exercice, il peut être intéressant d’associer des chercheurs des disciplines qui nous manquent pour étendre l’espace de créativité,
  • Il n’est pas facile de s’imposer des modes de raisonnement différents comme faire des analogies.
  • Un groupe a mis en place sans le savoir la méthode des matrices de découverte : mettre des variables en ligne et en colonnes et s’obliger à les croiser, par exemple croiser les matériaux et les pollutions,
  • La prise de décision sur quels projets développer est une approche multicritère. La road-map que nous avons trouvé difficile à appliquer se construit sur un temps très long, avec des phases de biblio,
  • Quand on fait un atelier de créativité, on s’attend à trouver l’idée révolutionnaire, ce qui n’arrive pas souvent, mais le plus utile est d’arriver à échanger en groupe, ce qui a très bien fonctionné ici.

Conclusions et suites à donner
Pour continuer à se former à ces techniques de structuration de l’innovation, Vincent Boly nous suggère :

  • De lire des articles ou ouvrages sur ces techniques,
  • Mais surtout de les mettre en pratique de temps en temps nous-même. Ce sont des démarches qui demandent un apprentissage.

Un débat "retour d’expérience" laissant la parole aux participants en fin d’école-chercheur a permis de proposer quelques pistes pour le réseau matières organiques :

  • Après l’ouverture de ResMO à toutes les communautés travaillant sur les matières organiques, il est maintenant nécessaire d’ouvrir le réseau à d’autres disciplines pas représentées (capteurs, traitement d’image, électronique…),
  • Les fiches-idées seront mises en ligne et accessibles à tous sur un espace collaboratif qu’il reste à définir (wiki, forum de construction de projets),
  • On pourrait interroger individuellement des disciplines identifiées pour évaluer leur réaction, si on entrevoit une dynamique positive,
  • Au contraire, on pourrait trouver un moyen de rendre attrayant et visible notre espace de travail collaboratif pour que les autres disciplines viennent y participer d’elles-mêmes,
  • Pour créer une communauté du ResMO et toucher tous les acteurs possibles, il faudra s’appuyer sur les réseaux sociaux : blog, facebook, research gate (le facebook des chercheurs), viadeo, likedin, etc…
  • Ce processus collaboratif permettra à la fois de choisir les fiches qui nous intéressent, de les enrichir, et d’en proposer de nouvelles pour faire vivre le processus,
  • Proposer à tous nos étudiants (masters, doctorants) d’aller sur l’espace où seront stockées les fiches projet et de les enrichir,
  • La majorité des participants ne voit pas comme un objectif prioritaire de monter des projets type ANR, il est plus intéressant de laisser le temps à la co-construction de projet de se réaliser,
  • Il faudra évaluer la réaction des autres membres du réseau, et la motivation et l’intérêt à long terme de la communauté,
  • Quand décidera-t-on qu’une fiche projet est mûre ?

L’équipe de l’ERPI va suivre l’évolution de ce travail et nous proposer une mise en forme des fiches projet.

Date de création : 15 mars 2012 | Rédaction : MFD