Le projet ABC (Agroécologie en Bourgogne et Région Centre) vise à co-concevoir, mettre en place et évaluer cinq systèmes agroécologiques, définis comme des mosaïques de systèmes de culture mettant en œuvre les principes de l’agroécologie et d’infrastructures agroécologiques (IAE) gérées sur plusieurs dizaines d’hectares pour que les processus biologiques puissent être valorisés à différentes échelles spatio-temporelles, y compris celle du paysage.

Le projet fédère 2 sites expérimentaux, en plaine dijonnaise et en champagne berrichonne, dans des sols argilo-calcaire moyennement profonds à profonds, à bon potentiel. Les systèmes agroécologies testés visent la multi-performance : (i) une rentabilité équivalente aux systèmes d’agriculteurs voisins à un horizon de 10 ans, (ii) de bonnes performances environnementales, (iii) une contribution au maintien et au développement de filières agricoles. Pour se faire, les systèmes agroécologiques mobilisent différents principes agroécologiques pour maximiser les processus biologiques, dont les régulations biologiques. Une réduction drastique des pesticides (pas de glyphosate, zéro pesticides à l’exception des moyens de lutte biologique) est initiée dès la mise en place des expérimentations, et ce pour les six premières années d’expérimentation, le temps que s’installent de nouveaux équilibres écologiques. Au-delà des six ans, une utilisation d’herbicides très ciblée sera autorisée en tout dernier recours, en cas de problèmes avérés de maitrise des adventices. Cette réduction drastique des pesticides est autant un objectif qu’un moyen de favoriser la mise en place de réseaux trophiques diversifiés bénéfiques aux processus de régulations biologiques.

Les systèmes agroécologiques consistent (i) en un maillage dense d’infrastructures paysagères (ex. haies arbustives, bandes enherbées et fleuries) favorables à la biodiversité utile et, (ii) à différents systèmes de culture combinant une diversité de techniques culturales relevant de la protection agroécologique. Trois grands axes structurent la diversité des systèmes testés dans le projet :

1. le lien à l’élevage : quatre systèmes sont conçus dans un contexte de grandes cultures céréalières sans élevage, un système explore la complémentarité cultures-élevage ovin ;
2. le travail du sol : certains systèmes sont conduits en agriculture de conservation, d’autres mobilisent différentes techniques de travail du sol (labour occasionnel, faux-semis, désherbage mécanique) ;
3. la diversification végétale : certains systèmes introduisent une forte diversité végétale uniquement à l’échelle temporelle de la succession culturale, d’autres la combinent à une diversité végétale à l’échelle spatiale de la parcelle en systématisant l’utilisation du mélange d’espèces ou de variétés.

Un tronc commun de mesures et observations à réaliser sur chaque dispositif est défini au démarrage du projet. Un état initial permettra de caractériser les composantes principales de l’agroécosystème (sol, pressions biotiques, biodiversité). Une attention particulière est portée à l’évaluation de la transition de ces composantes de l’agroécosystème sous l’effet des systèmes agroécologiques. L’analyse de données sera structurée autour de trois thématiques principales : les régulations biologiques, les performances multicritères des systèmes, la fertilité des sols et le stockage du carbone.

Le projet vise à produire des connaissances scientifiques et techniques sur des systèmes agroécologiques et leurs performances ainsi que sur les processus de régulation biologique se mettant en place à l’échelle parcellaire et supra-parcellaire sous l’effet de ces systèmes. Le projet contribuera également au développement de méthodes d’évaluation de systèmes agroécologiques à une échelle supra-parcellaire, intégrant notamment les bénéfices des infrastructures agroécologiques, mais aussi les coûts induits. Le projet ambitionne d’accompagner une dynamique territoriale de test in situ de systèmes agroécologiques en engageant le monde agricole dans la conception et le suivi des expérimentations.