Allaitement et cancer

Allaitement et risque de cancer, les principales données

Un rapport récent du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a estimé qu’en France, plus de 1 600 nouveaux cas de cancer du sein diagnostiqués en 2015 auraient pu être évités avec un allaitement maternel (exclusif ou non exclusif) supérieur à 6 mois par enfant chez les femmes âgées de 30 ans et plus* ayant donné naissance à au moins un enfant, ce qui représente 3 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancer du sein [1]. Le bénéfice de l’allaitement en termes de réduction du risque de cancer du sein est pour la mère allaitante (et non pour l’enfant allaité).

*La population étudiée dans ce rapport incluait des personnes âgées de 30 à 75 ans.

Définitions

L’allaitement maternel peut être exclusif (allaitement complet) ou non exclusif lorsqu’il est associé à du lait infantile (aussi appelé allaitement mixte).

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Lien entre allaitement et cancer du sein

Niveau de preuve scientifique

Plusieurs rapports d’expertise scientifique français et internationaux ont établi un lien entre allaitement maternel et la réduction du risque de développer un cancer du sein.
En France, une expertise collective coordonnée par l’Institut National du Cancer (INCa) en 2015 a conclu à une diminution convaincante du risque de cancer du sein associée à l’allaitement maternel [2].

Dès 2007, le World Cancer Research Fund (WCRF) et l’American Institute for Cancer Research (AICR) ont évalué les niveaux de preuve des associations entre allaitement maternel et risque de cancer. Le dernier rapport, publié en 2018, conclut que l’allaitement est associé à une diminution du risque de cancer du sein avec un niveau de preuve probable. De plus, les études montrent que plus le nombre de mois d’allaitement est grand, plus le risque diminue [3].

Localisation de cancers - Pratique allaitement 2020

Focus sur les mécanismes

Plusieurs mécanismes semblent être impliqués dans la diminution de risque de cancer du sein lors de l’allaitement [2] :

  • La diminution des taux sanguins d’hormones sexuelles (œstrogènes, androgènes) pendant la période d’aménorrhée (absence de règles) due à l’allaitement ;
  • L’élimination des cellules potentiellement porteuses de lésions de l’ADN via l’exfoliation importante du tissu mammaire au cours de la lactation ;
  • La mort cellulaire massive à la fin de l’allaitement, du fait de la régression de la glande mammaire.

Par ailleurs, l’allaitement a également un effet indirect chez l’enfant allaité, puisque le fait d’avoir été allaité contribue à diminuer le risque de surpoids et d’obésité durant l’enfance [3]. Chez l’adulte, la surcharge pondérale est impliquée dans la survenue de nombreux cancers (voir la page « Surpoids et obésité »).

Recommandation

Pour prévenir les risques de cancer, l’INCa conseille [4] :

  • Pour les mères : si possible, allaiter son enfant.

L’OMS recommande l’allaitement maternel exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois, et de l’associer à la diversification (introduction d'aliments autres que le lait dans l'alimentation du nourrisson) jusqu’à l’âge de deux ans [5]. Le Programme national nutrition santé (PNNS) recommande un allaitement maternel exclusif pendant six mois. Même de plus courte durée, l’allaitement reste toujours recommandé.

Dans le PNNS 4 (2019-2023) [6], un objectif (objectif 10, action 27) vise à promouvoir l’allaitement maternel, dans le respect de la décision de la femme, afin :

  • d’augmenter de 15 % au moins le pourcentage d’enfants allaités à la naissance pour atteindre un taux de 75 % d’enfants allaités à la naissance ;
  • d’allonger de 2 semaines, la durée médiane de l’allaitement total (qu’il soit mixte ou complet), soit la passer de 15 à 17 semaines.

Pour s’informer et trouver des outils

Plusieurs outils déployés par Santé publique France sont disponibles, facilitant la mise en pratique de l’allaitement maternel :

  • Le guide de l’allaitement maternel qui apporte des informations sur la pratique et l'accompagnement à l'allaitement maternel et des réponses aux questions les plus fréquentes.
  • La qualité de l’alimentation est importante au cours de l’allaitement. Le Nutri-Score, logo à 5 couleurs apposé sur la face avant des emballages, informe les consommateurs, sur la qualité nutritionnelle des produits. De « A » pour les produits les plus favorables sur le plan nutritionnel à « E » pour les produits les moins favorables.

De plus, l’Anses propose des repères alimentaires pour les jeunes enfants et les femmes allaitantes [7].

Pratique de l’allaitement en France

En 2012, plus des deux tiers des nourrissons (69 %) en France reçoivent du lait maternel à la maternité (60 % de façon exclusive et 9 % en association avec des formules lactées). Dès l’âge d’un mois, ils ne sont plus que la moitié (54 %) à être allaités et seulement 35 % de façon exclusive [8]. À trois mois 39 % des enfants sont encore allaités (10 % de façon exclusive), à six mois 25 %, et à un an seuls 9 % le sont toujours [9].

Le pourcentage de mères qui allaitent augmente notamment avec l’âge de la mère, un niveau d’études supérieur au baccalauréat, le fait d’être née à l’étranger ou de savoir que son conjoint a une perception positive de la femme qui allaite [8].

Références

[1] IARC. Les cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine. Lyon: International Agency for Research on Cancer, 2018. Disponible sur : <gco.iarc.fr> (consulté le 12.10.2020).

[2] Institut National du Cancer. Nutrition et prévention primaire des cancers : actualisation des données. Boulogne-Billancourt : INCa ; 2015. Voir le rapport (consulté le 12.10.2020)

[3] World Cancer Research Fund / American Institute for Cancer Research. Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer: a Global Perspective. Washington DC: AICR, 2018. Disponible sur : <www.wcrf.org> (consulté le 12.10.2020).

[4] Institut National du Cancer. Principaux facteurs de risque de cancer. Disponible sur : <e-cancer.fr> (consulté le 12.10.2020)

[5] Organisation Mondiale de la Santé. Thèmes de santé : Allaitement. Disponible sur : <www.who.int> (consulté le 12.10.2020)

[6] Ministère des Solidarités et de la Santé. Programme National Nutrition Santé 2019-2023, 2019. Disponible sur : <solidarites-sante.gouv.fr> (consulté le 12.10.2020)

[7] Anses. Repères alimentaires pour les populations spécifiques. Enfants, femmes enceintes & allaitantes, personnes âgées. Expertise Anses 2019. Disponible sur : <www.anses.fr> (consulté le 12.10.2020)

[8] Salanave B, de Launay C, Boudet-Berquier J, Guerrisi C, Castetbon K. Alimentation des nourrissons pendant leur première année de vie. Résultats de l’étude Epifane 2012-2013. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire, 2016. Disponible sur : <www.santepubliquefrance.fr> (consulté le 12.10.2020)

[9] Salanave B, de Launay C, Guerrisi C, Castetbon K. Taux d’allaitement maternel à la maternité et au premier mois de l’enfant. Résultats de l’étude Épifane, France. Bull epidémio Hebd. 2012;34:383-87. Disponible sur : <www.santepubliquefrance.fr> (consulté le 12.10.2020).

Date de modification : 14 novembre 2023 | Date de création : 12 octobre 2020 | Rédaction : NACRe