Contexte

Un précédent rapport, daté de 2007, avait estimé le nombre de cancers liés au mode de vie et à l’environnement en France pour l’année 2000.

Depuis, de nouvelles études ont permis d’identifier de nouveaux facteurs de risque de cancer, en particulier des facteurs nutritionnels, comme en témoignent les évaluations récentes :

• Les rapports du World Cancer Research Fund (WCRF) et de l’American Institute for Cancer Research (AICR), dont le dernier a été publié le 23 mai 2018 ;
• Les monographies du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), dont la dernière portait sur « viande rouge et viande transformée » ;
• Le rapport « Nutrition et prévention primaire des cancers : actualisation des données », publié en 2015 par l’Institut National du Cancer (INCa) et réalisé en collaboration avec le réseau NACRe.

De plus, au cours des dernières décennies, l’exposition de la population aux facteurs de risque a évolué. Il était donc nécessaire de faire le point des dernières données disponibles, afin d’actualiser les priorités et stratégies de prévention des cancers en France.

Méthodes

Cette étude de grande ampleur, financée par l’INCa, a été réalisé par le CIRC avec la collaboration de plus de 70 experts des principales institutions françaises de recherche ou de santé publique.

Au total, 13 facteurs de risque, considérés comme (probablement ou certainement) cancérogènes pour l’homme, ont été étudiés.

La fraction attribuable* à chaque facteur de risque a été calculée à partir :

• de la proportion de la population exposée en 2005 au facteur de risque (ex : pourcentage de fumeurs) ;
• de l’estimation du risque de cancer associé au facteur de risque (ex : augmentation de X % du risque de cancer du poumon chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs) ;
• du nombre de cas observés en 2015 en France métropolitaine, chez les personnes âgées de 30 ans et plus (le temps de latence entre l’exposition et la survenue de la maladie qui a été considéré est de 10 ans).

* La fraction attribuable à des facteurs de risque représente approximativement la part des cancers qui aurait été évitée si la population n’avait pas été exposée à ces facteurs de risque.

Résultats

Sur les 346 000 nouveaux cas de cancer diagnostiqués chez les adultes de plus de 30 ans en France en 2015, 142 000 sont attribuables aux 13 facteurs de risque étudiés, pris dans leur ensemble, soit plus de 40 % des nouveaux cas de cancer. Part de chaque facteur dans la survenue de nouveaux cas de cancer   Facteurs liés au mode de vie : le tabac arrive en tête avec 20 % des cancers attribuables, puis l’alcool avec 8 %, et l’alimentation déséquilibrée ainsi que le surpoids et l’obésité avec 5,4 % chacun. Viennent ensuite d’autres facteurs tels que le rayonnement UV, l’activité physique insuffisante… Facteurs environnementaux : les agents infectieux (papillomavirus, hépatite B…) sont les principaux avec 4 % des cancers attribuables, et les expositions professionnelles (facteurs chimiques, physiques ou organisationnels) avec 3,6 %, suivis par le radon dans l’air intérieur, la pollution atmosphérique et l’exposition aux substances chimiques dans l’environnement général.

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Prévention nutritionnelle des cancers en France

Parmi les 13 facteurs étudiés, 5 sont des facteurs nutritionnels, sur lesquels il est possible d’agir individuellement, en suivant les repères les plus récents.

Conclusion

La plupart des facteurs de risque étudiés sont évitables, ainsi de nombreux cancers auraient pu être évités en modifiant les comportements individuels et collectifs. Ces nouvelles données prouvent une nouvelle fois l’importance de développer la prévention des cancers.

La stratégie de prévention du tabagisme doit être maintenue et renforcée. Pour les autres facteurs de risque majeurs (alcool, alimentation, surpoids), les actions de prévention doivent être intensifiées.