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Résumé

Les dernières décennies ont vu exploser les initiatives d’agriculture urbaine dans les pays du Nord. Parmi elles, les projets d’agriculture intra-urbaine professionnelle (AIUP) correspondent aux fermes situées en ville (au sol, en intérieur ou en toiture), cultivant en pleine terre ou non (en bacs, hydroponie, aéroponie ou aquaponie) et assurant différentes fonctions (productive, pédagogique, sociale, etc.). Ces projets sont soutenus par des bailleurs publics et privés qui les financent ou mettent à disposition des ressources. Des experts conseillent les bailleurs et porteurs de projet dans la conception et l’évaluation des projets d’AIUP.

Ces acteurs évaluent la durabilité des projets d’AIUP, que ce soit pendant leur conception, pour décider de les financer, ou encore pour suivre leur mise en oeuvre. Bien qu’il existe de nombreuses méthodes pour évaluer les fermes rurales ou pour évaluer les projets en vue d’un investissement, aucune n’est adaptée à l’originalité de la combinaison de fonctions et de la diversité de formes de l’AIUP. L’objectif de la thèse est de concevoir un outil d’évaluation de la durabilité des projets d’AIUP à destination des bailleurs, porteurs de projets et experts. La conception de l’outil est faite de manière participative, en impliquant les futurs utilisateurs.

Nous avons conçu deux outils d’évaluation distincts. Le premier a été conçu en suivant un cahier des charges standardisé de développement d’outil d’évaluation de la durabilité en agriculture. Nous nous sommes focalisés sur la définition de l’outil et avons impliqué les acteurs à différents stades de la conception. Nous avons conçu avec eux des objectifs et critères de durabilité spécifiques à l’AIUP. L’outil obtenu a la forme classique d’un tableur dans lequel l’utilisateur renseigne les données issues de son projet. Le second outil a été conçu avec une démarche de conception innovante, nous nous sommes concentrés sur la définition des futurs usages de l’outil.

Nous avons pour cela déployé un diagnostic des situations d’usages, qui a caractérisé une diversité de situations d’évaluation rencontrées par les acteurs. Le diagnostic a également révélé les critères d’évaluation utilisés par les acteurs de l’AIUP. Ces critères sont variés et originaux par rapport à ceux classiquement utilisés pour évaluer la durabilité en agriculture. Des ateliers de conception organisés avec les acteurs nous ont ensuite permis d’imaginer une diversité de fonctionnalités pour l’outil. Nous avons finalement développé un deuxième outil qui permet aux utilisateurs de concevoir leur propre outil d’évaluation. La comparaison des deux démarches a donné à voir les spécificités de chacune. La première, centrée sur l’outil, a permis de développer de manière rapide et efficace un outil inspiré des outils existants, présentant des particularités pour l’adapter à l’AIUP. La seconde démarche, plus longue et centrée sur les usages, a permis de développer un outil original et flexible, adaptable à de nombreuses situations d’usages. Au-delà de la participation des acteurs, c’est donc l’étude de leurs pratiques d’évaluation grâce à un diagnostic des situations d’usages qui a permis de stimuler notre créativité, de nous défixer et d’ouvrir plus de voies d’exploration.

Les deux outils d’évaluation conçus permettent d’enrichir la notion d’agriculture urbaine durable, en représentant des solutions concrètes, mobilisables par les acteurs, pour les aider à orienter leurs projets d’AIUP vers plus de durabilité.

En retour, l’évaluation de l’AIUP nous suggère de renouveler la manière dont est pensée l’évaluation de la durabilité des projets agricoles, en prenant en compte les pratiques d’évaluation des acteurs et en concevant des outils flexibles. Cette thèse élabore des recommandations à destination des concepteurs d’outils pour enclencher ce renouvellement.

Mots clés :
Ferme urbaine, évaluation multicritères, conception innovante, approche participative, indicateurs

Direction de la thèse

Jean-Marc Meynard (INRAE, SADAPT) et Agnès Fargue-Lelièvre (AgroParisTech, SADAPT)

Jury

• Christian BOCKSTALLER, Ingénieur de recherche, INRAE (Rapporteur)
• Christophe -Toussaint SOULARD, Directeur de recherche, INRAE (Rapporteur)
• Haissam JIJAKLI, Professeur, Université de Liège (Examinateur)
• Cristiana MAZZONI, Professeure, ENSA Paris-Belleville (Examinatrice)
• Jean ROGER-ESTRADE, Professeur, AgroParisTech (Examinateur)
• Benoît WEIL, Professeur, Mines ParisTech (Examinateur)
• Jean-Marc MEYNARD, Directeur de recherche émérite, INRAE (Directeur de thèse)
• Agnès FARGUE-LELIÈVRE, Maîtresse de conférence, AgroParisTech (Invitée)