Diversification et territoire : connaissances et conception dans des dispositifs multi-acteurs

Introduire une espèce de diversification dans les systèmes de culture d’un territoire : articuler production de connaissances et conception dans des dispositifs multi-acteurs

Thèse Margot Leclère - UMR Agronomie - Grignon, 2019

Résumé

L’introduction d’espèces de diversification, voie incontournable pour assurer la transition agroécologique, pose aujourd’hui une question majeure : comment produire de manière économe les connaissances nécessaires sur ces espèces orphelines de recherche ?

Nous avons proposé et mis en œuvre une démarche articulant production de connaissances et conception, et combinant différents dispositifs multi-acteurs, pour accompagner l’introduction d’une nouvelle espèce dans les systèmes de culture. Ce travail s’appuie sur le cas de la cameline, introduite soit en culture principale soit en double culture dans les systèmes de culture de l’Oise, en vue du développement d’une bioraffinerie oléagineuse. Nous avons d’abord articulé un atelier multi-acteurs -regroupant agriculteurs, conseillers, chercheurs, ingénieurs en R&D agricole et industriels- et des essais de modalités de conduite de la cameline en double culture, conçus, gérés et évalués par des agriculteurs dans leur ferme. Cette approche a permis d’identifier des trous de connaissances et de produire des connaissances utiles pour la conception (ex : des règles de décision pour la conduite de la cameline). En parallèle, nous (chercheurs) avons conçu et évalué, au sein d’un réseau multilocal et pluriannuel de parcelles agricoles, trois itinéraires techniques de la cameline de printemps sans herbicide, en comparaison à l’itinéraire technique classiquement recommandé.

Nos résultats montrent que l’augmentation de la densité de semis de cameline ou l’association de la cameline avec une autre espèce (orge ou pois) sont des leviers agroécologiques efficaces pour maîtriser les adventices dans la culture de cameline. De plus, le diagnostic de la variabilité du rendement, de la teneur en huile des graines, et de leur composition en acides gras, réalisé au sein de ce même réseau d’essais, a permis d’identifier (i) les principaux facteurs responsables (ex : le statut azoté de la culture pour le rendement), et (ii) les conditions environnementales (ex : fourniture d’azote minéral par le sol) et les pratiques (ex : association d’espèces) déterminant ces facteurs. La formalisation de ces connaissances, leur confrontation à la littérature scientifique, ainsi que leur partage et leur mise en discussion au cours de différents dispositifs d’échanges multi-acteurs au champ et en salle ont conduit à élargir la gamme des modalités d’insertion et de conduite de la cameline, conçues par les agriculteurs et adaptées à leurs conditions individuelles, lors d’un atelier de conception.

Enfin, nous discutons en quoi cette combinaison originale de dispositifs multi-acteurs, permet (i) de produire à moindre coût des connaissances situées et génériques, utiles pour la conception, et (ii) d’outiller à la fois l’agriculteur-concepteur, le conseiller agricole et le chercheur, pour accompagner la diversification des systèmes de culture d’une région.

Co-encadrement

Marie-Hélène Jeuffroy et Chantal Loyce

Jury

  • Marianne Le Bail, AgroParisTech (UMR SAD-APT)
  • Mireille Navarrete, INRA (UR Écodevelopement)
  • Anne-Sophie Voisin, INRA (UMR Agroécologie)
  • Nathalie Girard, INRA (UMR AGIR)
  • Aline Vandewalle, Chambre d’agriculture des Pays de la Loire
  • Federica Zanetti, Université de Bologne

Voir aussi

Date de modification : 05 juillet 2023 | Date de création : 14 septembre 2020 | Rédaction : IDEAS