Tâche H100 : Constitution d’un corpus de sources

Lors de cette première étape seront identifiées, localisées et explorées les sources les plus diverses concernant l’histoire du rosier et de l’innovation dans le domaine horticole aux XVIIIe et XIXe siècles. Le recensement des sources sera effectué dans les bibliothèques françaises et étrangères, les fonds bibliographiques numérisés, les dépôts d’archives. Seront ciblés les (i) publications à caractère scientifique, (ii) catalogues des pépiniéristes, (iii) publications et archives des sociétés savantes à caractère horticole et botanique, (iv) publications d’horticulture et de jardinage, (v) archives privées et publiques (établissements horticoles, papiers personnels des scientifiques, commerce, roseraies), (vi) herbiers. A partir de ce corpus sera dressée une première liste des variétés significatives d’un point de vue historique soit parce qu’elles ont introduit un caractère ou une combinaison de caractères nouveaux, soit parce qu’elles ont été utilisées fréquemment en création variétale, soit parce qu’elles ont eu un succès commercial important.

Tâche H200 : Etude de la sélection variétale aux XVIIIe et XIXe siècles

Les techniques employées pour provoquer la variabilité (semis du hasard, croisements contrôlés, mutations spontanées) seront étudiées en regard de la connaissance scientifique sur les processus physiologiques, des questionnements sur l’hybridation et sur la multiplication. Seront ciblés les critères de sélection qui répondent à la demande marchande et non marchande, à différentes périodes des XVIIIe et XIXe siècles. Cette étude chronologique mettra en évidence les caractères prédominants, considérés comme signe de rareté et de nouveauté, puis comme norme minimale de qualité (p. ex. remontée de floraison, duplicature) et les critères secondaires décisifs sur le marché (p. ex. couleur, port, moindre sensibilité aux maladies).

Tâche H300 : Analyse épistémologique

De multiples classifications successives tentent de contenir et d’organiser la grande diversité des rosiers au XIXe siècle, faisant appel à des clés de distinction plutôt botaniques ou plutôt horticoles. Leur analyse épistémologique rendra explicite l’historicité des concepts mobilisés : espèce, variété, hybride. Les problèmes de synonymie seront évalués dans cette perspective épistémologique ainsi que l’interprétation de la sélection artificielle dans les théories de l’évolution. La circulation de l’information entre les milieux scientifiques et horticoles permettra de saisir l’opérabilité des concepts scientifiques dans la pratique de la sélection et de déceler les représentations culturelles et philosophiques de l’action humaine sur les organismes vivants dans le processus d’innovation.

Tâche H400: Réalisation d’une base de données documentaires de l’échantillon synthétique

La corroboration des données génétiques et des données historiques sera facilitée par un travail sur un échantillon commun de 150 accessions, l’échantillon « synthétique » constitué au cours de la Tâche S100. Chaque accession de l’échantillon synthétique fera l’objet d’une investigation historique, en relevant les données d’intérêt sur son obtention et son rôle dans l’innovation. L’analyse prosopographique des variétés permettra de construire une vision d’ensemble de l’échantillon synthétique, sans a priori, en mettant en évidence les grandes tendances, des chronologies croisées entre critères de sélection et liens de parenté, des relations entre les obtenteurs et les territoires les plus actifs dans la sélection, etc. Une attention particulière sera accordée aux rosiers obtenus sur le territoire de la région des Pays de la Loire.

Tâche H500 : Etude des facteurs socio-économiques de l’innovation aux XVIIIe et XIXe siècles

Le processus d’innovation dans l’horticulture ornementale sera abordé de manière large, comme une action volontaire de conquête commerciale qui mobilise des connaissances et des expériences à la recherche des nouveaux produits, procédés et marchés. La sélection variétale sera étudiée comme une étape de l’innovation, sous l’angle des changements économiques, sociaux et culturels qui ont contribué à créer une véritable passion française pour les rosiers et pour la diversité ornementale, et sous l’angle des lieux de sociabilité horticole. Il conviendra d’articuler la sélection avec le progrès de la connaissance scientifique et les autres aspects du processus d’innovation :

1. multiplication des variétés obtenues, en particulier la greffe,
2. diffusion et mise sur le marché,
3. notoriété et publicité,
4. durée de vie commerciale,
5. techniques culturales, notamment la taille,
6. intervention des organismes qui jouent un rôle régulateur,
7. conflits d’usage liés à la synonymie,
8. adaptation de l’offre commerciale en fonction des marchés nationaux ou internationaux visés.