Le topic des scientifiques

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Entretien avec Maree Brennan, post-doctorante en chimie sur ExtraFor_Est.

Vous travailliez sur le projet ExtraFor_Est entre juillet 2018 et décembre 2019, en tant que post-doctorante en chimie, quelles étaient vos missions ?

Je suis arrivée sur le projet ExtraFor_Est en juillet 2018, en tant que post-doctorante chargée de l’analyse des extractibles, issus des écorces et des nœuds des essences étudiées dans ExtraFor_Est. Mon travail sur ce projet était notamment de réaliser des analyses de données statistiques pour modéliser l’impact de la hauteur de l’arbre d’où on prenait les échantillons de nœuds et d’écorce sur la quantité et le type d’extractibles.

Nous cherchions notamment à quantifier et qualifier le type de tanins, une famille de molécules facilement valorisable, car très demandée par différentes industries. Ils sont utilisés par exemple dans les marchés en lien avec les produits pharmaceutiques pour leurs propriétés anti-oxydantes.

Avant cela, je travaillais en Écosse, dans un projet qui portait sur les graines d’orge ; on cherchait à savoir comment les glumelles s’attachent aux graines. C’était bien différent de ce que je faisais sur ExtraFor_Est, dans ce projet mon travail était centré sur l’aspect génétique. A ma connaissance, en Écosse, la chimie du bois est peu étudiée et les extractibles ne sont pas valorisés.

Votre tâche principale était donc de qualifier et quantifier les molécules présentes dans les connexes du bois, comment cela se déroulait ?

Après avoir réduit le connexe à l’état de sciure, il s’agissait de placer cette sciure dans une machine qui fait l’extraction. Dedans, un peu comme pour faire du café, on faisait passer un mélange d’eau et d’éthanol pour récupérer les extractibles, en augmentant la pression pour faciliter l’extraction. Un filtre assure que les éléments solides ne se retrouvent pas dans l’échantillon final. Pour finir, il nous suffisait de mettre l’extrait dans un lyophilisateur pour que ne restent que les extractibles secs.

Pour identifier et quantifier les molécules, on utilisait une méthode différente en fonction du type d’éléments que l’on cherchait, par exemple, la chromatographie liquide et la spectroscopie de masse, ou LCMS, pour le cas des tanins issus d’écorces. 

En quoi ces derniers sont-ils intéressants pour la filière forêt-bois ?

En fonction de leur type, les tanins peuvent présenter un intérêt plus ou moins important pour différentes industries ; par exemple, les tanins interviennent dans la fabrication d'adhésifs, d’encres, d’antioxydants, le travail du cuir ou encore dans la préparation de bières et de vins. Pour valoriser notre territoire et éviter de les importer de l’étranger, il est important de s’approvisionner au niveau local et donc de mieux connaître ce dont on dispose dans les forêts de l’Est de la France.

C’est là l’un des intérêts principaux du projet ExtraFor_Est : connaître les biomolécules intéressantes pour l’industrie dont nous disposons dans nos forêts, là où elles sont le plus concentrées dans les arbres, et comment les exploiter.

Par exemple, lorsque j’étais sur le projet, nous avons identifié quels types de tanins se trouvaient dans le sapin, l'épicéa et le douglas. Nous avons été capables de comprendre qu’en général le taux de tanins au niveau du bas de la couronne était plus important que dans le haut. Cependant, nous avons observé que certaines catégories de tanins se retrouvaient à des hauteurs différentes, pour quelques-unes d’entre elles nous les retrouvions surtout dans la partie haute de l’arbre. Ces informations nous ont permis de séparer les parties d’écorces, et d’étudier lesquelles étaient les plus intéressantes en fonction des besoins des industries.

Date de modification : 05 juin 2023 | Date de création : 16 mars 2021 | Rédaction : Tatyana Ramazzotti