Focus filière forêt-bois

Focus filière forêt-bois

Entretien avec Marie-Christine Lagel, cheffe de projets au pôle Fibres-Energivie.

Actuellement, vous travaillez au pôle Fibres-Energivie, est-ce que vous pouvez nous décrire vos missions ?

Je suis cheffe de projets au pôle de compétitivité Fibres-Energivie. Ce rôle me permet d’accompagner les projets R&D dans les domaines des bâtiments et matériaux durables ; j’interviens dans le montage du consortium, trouve des financements et participe à la valorisation des résultats des projets. Au pôle Fibres-Energivie, nous traitons notamment des thématiques de la chimie de la biomasse lignocellulosique et des matériaux biosourcés, dans une optique de développement durable des bâtiments.

Nous cherchons notamment à encourager le développement de matériaux qui valorisent les ressources « vertes », qui ne sont pas pétrosourcées. En ça, ExtraFor_Est et Gemm_Est nous paraissent particulièrement intéressants et pertinents. C’est pour cela que nous les avons accompagnés pour l’obtention de leurs financements et labellisés ; ils sont en adéquation avec nos thématiques.

Vous avez fait partie de l’équipe ExtraFor_Est, comment êtes-vous arrivée sur le projet ?

Avant de me retrouver au pôle, je travaillais dans la recherche publique. J’ai rencontré Francis Colin, le coordinateur du projet, lors de l’école thématique PLURIBOIS 2017, organisée à Mont de Marsan par le Professeur Bertrand Charrier. On avait pu y discuter d’ExtraFor_Est, je l’avais trouvé très intéressant. Peu après, je suis revenue en France après mon premier postdoc en Suisse et j’ai pu commencer à travailler dessus au sein du LERMAB, sous la direction du Professeur Philippe Gérardin.

Je travaillais sur la mise en place des techniques d’extraction de biomolécules. C’était au tout début du projet, après avoir participé à la première campagne de prélèvement d’échantillons. J’ai pu les répertorier, les préparer (broyage bois et écorces) et commencer à mettre en place et en œuvre les protocoles d’extraction des biomolécules d’intérêt.

Ma participation à ExtraFor_Est m’a permis de travailler avec différents laboratoires de recherche, d’aller sur le terrain, et d’observer ce que la complémentarité de différentes équipes de recherche pouvait apporter à un projet R&D.

Avec votre connaissance du projet, mais aussi votre expérience au pôle Fibres-Energivie, quelle place voyez-vous pour ExtraFor_Est ?

Pour moi, ExtraFor_Est a toute sa place dans la chaîne de valeur de la filière Forêt-Bois sur le territoire du Grand-Est. Il est primordial que les acteurs de la filière, depuis les exploitants, en passant par les industries de la première transformation du bois, jusqu’aux utilisateurs de ces biomolécules, s’intéressent à ces ressources afin d’améliorer la valorisation de ces ressources locales.

Le projet a la possibilité d’être un élément déclencheur, afin de faire prendre conscience à toute la filière de l’importance de ces thématiques « chimie verte du bois », et surtout de leur montrer que cela peut être viable économiquement. Sur le territoire, nous avons déjà des essences riches en extractibles qui sont exploitées, il serait intéressant de pouvoir insérer une étape dans la chaîne de valeur afin d’encore mieux les valoriser. Cela permettra notamment de créer des emplois et de dynamiser le territoire. La région Grand-Est a tout à y gagner : nous pouvons tout à fait imaginer un label afin de mettre en avant la valorisation et l’utilisation de molécules à la fois biosourcées et locales.

Quel est l’atout du projet selon vous ?

Les projets de recherche publique où il y autant de communication et de dissémination sont assez rares, c’est une très bonne chose pour motiver la filière à évoluer. Je suis curieuse de savoir ce qui est imaginé pour la suite du projet, mais dans tous les cas, la future plateforme d’aide à la décision apportera certainement énormément à la filière Forêt-Bois du Grand-Est et sur tout le territoire.

Toutes les études menées lors d’ExtraFor_Est, sur la quantification et la caractérisation des extractibles présents sur le territoire, permettront d’alimenter une immense base de données, ce qui valorisera la filière de la chimie du bois. C’est quelque chose de très attendu et nous pouvons imaginer que cette plateforme pourra tout à fait servir de modèle pour d’autres régions et même d’autres pays.

Date de modification : 05 juin 2023 | Date de création : 16 mars 2021 | Rédaction : Tatyana Ramazzotti