Solanacées

Dégâts des pucerons sur les solanacées

Solanacées des grandes cultures (pomme de terre, tabac)

Plusieurs virus transmis par pucerons peuvent infecter la pomme de terre. Le plus important économiquement est le virus Y (PVY), connu sous le nom de mosaïque, de frisolée ou de bigarrure. C’est un virus non-persistant transmis par différentes espèces de pucerons. L’inoculum initial peut provenir de plantes malades de la parcelle ou du voisinage, de repousses infectées, d’autres solanacées cultivées (tabac, tomate, piment) ou adventices (morelle noire). Le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) reste le principal vecteur de ce virus suivi du puceron du nerprun (Aphis nasturtii). Cependant des ailés d’autres espèces pas toujours inféodées à la pomme de terre peuvent également transmettre le virus. Si ces ailés sont très nombreux, ils peuvent alors jouer un rôle important dans la vection des virus et donc dans le développement de la maladie. Le virus de l’enroulement de la pomme de terre (PLRV) est également important. Il est transmis selon le mode persistant essentiellement par le puceron Myzus persicae. D’autres espèces comme le puceron strié de la digitale et de la pomme de terre (Aulacorthum solani) et le puceron vert et rose de la pomme de terre (Macrosiphum euphorbiae) peuvent également transmettre ce virus, mais de façon moins efficace.

Les pucerons, outre leur rôle en tant que vecteurs de virus des plantes, occasionnent des dégâts directs en prélevant une quantité non négligeable de sève. Trois espèces sont couramment rencontrées sur pomme de terre. Myzus persicae colonise de préférence les feuilles des étages inférieurs. Macrosiphum euphorbiae se situe surtout sur les hampes florales où les colonies forment un manchon lorsqu’elles pullulent. Enfin, Aulacorthum solani se développe sur les feuilles des étages inférieurs et intermédiaires. Depuis 1996, en Champagne-Ardenne, Picardie et Nord-Pas-de-Calais, on remarque la présence importante de deux autres espèces sur feuillage. Il s’agit d’Aphis nasturtii et du puceron de la bourdaine (Aphis frangulae). Les premiers individus d’Aphis nasturtii sont observés en juin et les colonies se développent sur les feuilles inférieures en juillet où elles peuvent pulluler. Dans les régions à climat chaud, Aphis frangulae peut être remplacée par le puceron du melon et du cotonnier (Aphis gossypii) qui appartient au même groupe d’espèces.

Les viroses du tabac représentent un facteur non négligeable de limitation de la production dans certaines régions. L’implantation à grande échelle des tabacs blonds a modifié l’incidence de ces maladies. Les types Virginie et Burley sont en effet plus sensibles aux virus que les tabacs bruns. Deux virus transmis par pucerons sont prépondérants sur tabac: le virus Y de la pomme de terre (PVY) et le virus de la mosaïque du concombre (CMV). On trouve plus rarement le virus de la mosaïque de la luzerne (AMV) transmis également par pucerons dans les cultures de tabac situées à proximité de luzernières. Les principaux vecteurs de ces virus sont le puceron du melon et du cotonnier (Aphis gossypii) et le puceron vert du pêcher (Myzus persicae). Ces maladies sont responsables de diminutions de rendements et de modifications de la qualité des feuilles de tabac pouvant entraîner le déclassement de la récolte. Quels que soient le ou les virus présents dans la plante, la nature et l’intensité de leurs symptômes peuvent varier en fonction du type de tabac cultivé, de la variété mais surtout en fonction de la nature des souches de virus. De plus, la présence de colonies de Myzus persicae entraîne la crispation du feuillage.

Solanacées des cultures maraîchères (tomate, poivron, aubergine)

La tomate peut être attaquée par plusieurs virus. Ces attaques progressent depuis plusieurs années. Elles peuvent entraîner des dégâts importants là où n’existe pas de résistance génétique. Le virus de la mosaïque du concombre (CMV) et le virus Y de la pomme de terre (PVY) sont transmis selon le mode non-persistant par plusieurs pucerons dont le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) et le puceron du melon et du cotonnier (Aphis gossypii). Les feuilles produites après l’infection du CMV sont réduites à leurs nervures, et les feuilles suivantes exagérément découpées en feuilles de fougère. La croissance est ralentie, les plantes atteintes fructifient peu. Myzus persicae provoque également des dégâts directs qui se manifestent par l’enroulement et la déformation des feuilles. Les colonies du puceron vert et rose de la pomme de terre (Macrosiphum euphorbiae) qui se développent sur les tiges, peuvent affaiblir les plantes et les souiller de fumagine.

La plupart des maladies et ravageurs des tomates sont susceptibles d’attaquer également les cultures d’aubergine et de poivron qui sont particulièrement sensibles à plusieurs virus transmis par pucerons : virus de la mosaïque du concombre (CMV), virus de la mosaïque de la luzerne (AMV) et virus Y de la pomme de terre (PVY) qui est grave sur poivron. Sur ces plantes, la présence des pucerons peut aussi entraîner la formation d’une abondante fumagine qui déprécie les récoltes.

La lutte intégrée sous serre contre les pucerons nécessite l’introduction de plusieurs prédateurs ou parasitoïdes.

Date de modification : 07 février 2023 | Date de création : 09 juillet 2014 | Rédaction : Maurice Hullé, Evelyne Turpeau, Yvon Robert, Yves Monnet, Charles-Antoine Dedryver