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ARCHORALES

Les archives orales d'INRAE et du Cirad

La mission de collecte d'archives orales et la revue Archorales sont nées de l'initiative d'un chercheur en sciences sociales, Denis Poupardin, chargé en 1995 par la Direction générale de l'Inra de réfléchir aux problèmes de ses archives. La mission est placée sous la responsabilité du Comité.

L’objectif de la mission consiste à recueillir les témoignages oraux de personnes travaillant au Cirad, à INRAE ou ayant travaillé dans ses organismes fondateurs, déjà partis à la retraite ou sur le point de cesser leur activité professionnelle afin :

  • d’expliciter les origines des institutions en interne comme à l’extérieur
  • de constituer un fonds conséquent sur le patrimoine scientifique des institutions
  • de permettre de confronter des éléments de l’histoire des institutions fondée sur les différents itinéraires de ceux qui l’ont construit
  • de faire partager à tous, particulièrement aux plus jeunes, la culture des "maisons"
  • de contribuer à mieux faire connaître le fonds patrimonial de la recherche sur l'agriculture, l'alimentation et l'environnement

La mission procède aux versements aux archives nationales des enregistrements sonores ainsi qu’à la publication de certains témoignages dans la revue Archorales.

Aujourd’hui cette ressource d’informations constitue le corpus permettant de confronter les éléments de l’histoire des instituts fondée sur les itinéraires de ceux qui l’ont construit et de contribuer à mieux faire connaître le fonds patrimonial de la recherche sur l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, utilisable par les historiens des sciences.

Depuis la création du Comité d’histoire (en 2005), la mission est officiellement soutenue et reconnue pour son apport historique.

Un choix sélectif et varié de récits biographiques :

Lors de la demi-journée Archorales tenue le 8 décembre 2008 au Centre Inra Paris, Bernard Desbrosses notait : « Là encore, le bilan de notre activité au sein de la mission Archorales ne nous incline pas à revenir sur des options méthodologiques qui sont légitimées par quantité de témoignages. Des hommes et des femmes qui ont été de grands pionniers de la recherche agronomique nous ont retracé, très souvent d’une manière vivante et très précise, les découvertes les plus importantes réalisées au sein de l’Inra. Nous avons également pu apprécier les témoignages de collègues au parcours scientifique moins prestigieux, mais qui ont su nous relater avec talent des itinéraires présentant des aspects originaux (mobilité thématique, reconversion dans l’administration de la recherche, etc.) ou nous faire partager leur vécu de certaines composantes de leur activité (par exemple les relations avec la profession agricole ou les représentants des industries agroalimentaires). Le choix de ne pas établir de hiérarchie formelle entre les témoins a également été validé par la qualité des matériaux recueillis chez les personnels d’accompagnement de la Recherche. Nous disposons de témoignages d’agents particulièrement reconnus dans leur activité professionnelle en raison de leurs compétences très pointues et des services qu’ils ont rendus à l’institut. Certains de ces collègues qui ont intégré l’INRA munis d’un baccalauréat – ou parfois seulement d’un CAP – ont ensuite repris des études, en menant de front activité professionnelle et formation. Ces témoignages de parcours dynamiques – quelquefois atypiques – souvent valorisés par des promotions sur des postes d’ingénieurs ou de scientifiques, enrichissent de manière significative la mémoire collective et l’histoire de l’Inra. Nous n’en oublierons pas pour autant la contribution de collègues dont le parcours a été plus « modeste », plus classique. Je pense en particulier à la qualité de plusieurs entretiens avec des ouvriers des domaines expérimentaux (voir notamment les tomes 9 et 11 de la collection Archorales) qui nous ont relaté leur histoire professionnelle avec beaucoup d’enthousiasme et d’émotion. Ces techniciens et ces adjoints techniques, qui n’ont jamais été sur le devant de la scène, ont profondément aimé leur métier et ont eu à cœur de nous faire partager toutes les facettes de leur parcours professionnel, ce qu’ils ont apprécié (utilisation de technologies de pointe, coopération avec des scientifiques et ingénieurs, travail au contact des animaux, etc.), ce qu’ils ont vécu plus difficilement (pénibilité de certaines tâches, déroulement de carrière insuffisant, etc.)».

Les archives orales de l’INRA dans le contexte des archives orales des organismes publics :

Il n’est pas inutile de rappeler qu’à la fin du 20ème siècle de nombreux organismes et administrations publiques ont compris l’intérêt des archives sonores et en ont organisé le recueil : la défense nationale et  plus particulièrement l’armée de l’air, le ministère des finances, et quelques grandes entreprises comme la SNCF, Air France constituant ainsi des corpus composés de plusieurs milliers d’heures d’enregistrement.

En ce qui concerne la recherche publique, INRAE et le Cirad font figure de pionniers dans le traitement de leur patrimoine mémoriel, en publiant une sélection des récits biographiques retranscrits.

Florence Descamps le rappelle dans  son éditorial rédigé pour le volume 13, paru en 2008 : «Les récits couvrent l’extrême variété des disciplines et des spécialités, développées et constituées progressivement par l‘Inra depuis 1946, ce qui permettra aux futurs chercheurs de périodiser et  d’historiciser l’organisation de la recherche, ainsi que l’essor des sciences de la vie végétale et animale dans la seconde moitié du XXème siècle. Enfin, de manière ambitieuse, la dimension territoriale a été prise en compte, faisant échapper les Archives Orales de l’Inra au tropisme centripète et bureaucratique consistant à ne se préoccuper que du centre aux dépens de la périphérie ; l’attention s’est portée ainsi de façon fructueuse et pertinente sur les laboratoires et les « unités de terrain ». Il en ressort une foison de matériaux et d’informations sur les pratiques  individuelles et collectives de recherche, au ras de la paillasse et des éprouvettes sur ‘‘la fabrique de la science’’ en train de  chercher et de trouver, sur les contraintes que les chercheurs rencontrent, contournent ou dépassent, sur les tactiques et sur les stratégies individuelles et collectives que les chercheurs mettent en oeuvre pour parvenir à leurs fins.

Enfin la deuxième spécificité d’Archorales n’est pas la moindre ; les récits de carrière sont progressivement transcrits, validés par leurs co-auteurs et publiés».

 

Date de modification : 19 septembre 2023 | Date de création : 20 octobre 2011 | Rédaction : Odile Maeght