En savoir plus

Les mortalités des jeunes constituent un problème important dans les élevages ovins allaitants. Le problème est à la fois technique (fertilité des brebis, rythme de mise bas, races locales, etc.), mais aussi éthique (échange de services homme-animal, respect de la naturalité), et économique (la mortalité invalide l’investissement fait sur les brebis pendant cinq mois). Nous avons tenté de répondre aux questions suivantes :

1. L’importance des mortalités des jeunes est-elle ressentie chez les éleveurs ovins allaitants ? Les mortalités ne sont pas mentionnées comme faisant partie de leur métier d’éleveur. Diverses hypothèses (imprévisibilité, intérêt pour d’autres aspects du travail, impact économique moins important sur le long terme) peuvent expliquer cette posture des éleveurs.
2. Comment se construisent les connaissances chez les éleveurs en relation avec les conseillers divers ? Les mortalités sont très proches dans les deux types avec d’élevage mais les actions entreprises sont assez différentes. La sollicitation de conseillers informels et les médecines complémentaires sont très utilisées en élevage bio.
3. Quel est le poids des mortalités sur la durabilité des exploitations ? Les mortalités des agneaux sont reliées négativement à la productivité numérique, à la marge brute et aussi la mortalité des brebis. Ces mortalités ont donc une incidence économique claire.
4. Les mortalités s’organisent-elles de manière régulière dans le temps, quelle est leur variabilité interannuelle ? Une des explications à l’attitude des éleveurs concernant la mortalité des agneaux pourrait être l’absence de contrôle de celles-ci, qui se répartiraient par bouffées épidémiques incontrôlables L’évolution des mortalités dans les élevages conventionnels ou Bio a des caractéristiques communes (la cyclicité) avec des différences toutefois. Les courbes d’évolution sont plus « douces » au sein des élevages biologiques. Les évolutions que nous avons mises en évidence sont encore peu élaborées. Nous avons l’intention de développer une analyse plus ambitieuse de ces données sur l’évolution des mortalités. Les analyses porteront sur une analyse fine de la cyclicité ainsi que sur les facteurs de risque de cette mortalité.

Les mortalités des agneaux sont clairement un enjeu économique mais également un enjeu éthique. Il semble normal que les élevages bio aient une vision éthique sur ces mortalités. Les différences que nous enregistrons entre conventionnel et bio sont porteuses d’analyses plus approfondies ; elles ne portent pas sur l’intensité des mortalités mais sur la structure des mortalités (chronobiologie en particulier). C’est l’objectif du développement ultérieur de nos analyses. L’absence de préoccupation apparente des éleveurs en regard des mortalités est vraisemblablement liée à l’aspect en dents de scies des bouffées de mortalité, qui apparaissent comme peu prévisibles et toujours suivies d’accalmies.

Ce projet est porté par Jacques Cabaret, département Santé animale, centre Inra du Val-de-Loire. jacques.cabaret @ tours.inra.fr