par Christine Silvy, Documentaliste, Centre de Biologie pour la Gestion des Populations, UMR INRA/IRD/Cirad/Montpellier SupAgro, Montpellier

L'accès libre a pour objectif de permettre à la communauté scientifique de partager facilement les nouvelles connaissances. Cependant les chercheurs redécouvrent périodiquement que de nombreuses revues en accès libre le font surtout à des fins de profit en le faisant chèrement payer aux auteurs. Afin de mieux percevoir le sentiment des chercheurs, voici quelques éléments d’un débat récent sur une liste de discussion en sciences de l’évolution. Tout a commencé avec l’annonce du salaire des deux directeurs de l’éditeur PLoS[1] , atteignant 34500 dollars par mois en 2013.  En outre PLoS détenait 25 millions de dollars en actions la même année malgré un affichage d’organisme à but non lucratif… En 2014, grâce à la publication de plus de 33000 articles, PLoS fait 45,6 millions de dollars de chiffre d’affaire dont 4,89 millions de bénéfices[2].

Les chercheurs déplorent le manque de transparence et estiment qu'il pourrait y avoir un retour sur investissement pour nos instituts de recherche. Ils s'étonnent du fait que la production académique soit aujourd'hui une industrie avec ses normes, ses contraintes, ses savoir-faire et ses coûts associés. Ils soulignent aussi le paradoxe à la fois de dénoncer ce système et de tomber collectivement dans le panneau de la publicationite aiguë, avec le constat que ‘le monde n'est pas peuplé de génies et donc produire beaucoup tout le temps conduit nécessairement à produire des choses très inégales voire inutiles’. Plusieurs alternatives sont évoquées : les épirevues, revues électroniques en libre accès, qui apportent une valeur ajoutée aux publications déposées dans les archives ouvertes grâce à la caution d'un comité éditorial, les auteurs conservant tous leurs droits. Les chercheurs reconnaissent ici que les plateformes telles que HAL, arXiv ou Zenodo, financées par des institutions publiques, permettent déjà de publier sans frais. Ils évoquent aussi l’éditeur Elife, à but non lucratif, dont les décisions éditoriales sont prises exclusivement par des chercheurs de la discipline ; ainsi que le service gratuit d’évaluation Peerage of Science. Enfin Malaria Journal est cité en exemple car il rémunère les auteurs 150€ par article… Mais cette revue n’est pas indexée dans PubMed et n’a pas encore de facteur d’impact…

[1] Public Library of Science. https://www.plos.org

[2] https://plos.org/annual-update