Portrait de Florély Lamery

Portrait de Florély Lamery

Gestionnaire financière de l’Unité de Recherches Zootechniques (URZ) d’INRAE, Florély Lamery revient sur sa prise de poste, et sur les enjeux financiers et administratifs d’AgroEcoDiv. Depuis son poste de gestionnaire, elle voit et elle vit le projet comme un projet pour s’identifier.

La recherche, un milieu où la justification budgétaire règne

La particularité de la gestion administrative et financière dans un institut de recherche s’exprime dans cette injonction perpétuelle à justifier les dépenses de façon rigoureuse. Un défi d’organisation et de collaboration avec l’équipe.

Océane : Quel est ton parcours professionnel ? Et quelles sont tes missions ?

Florély : J’ai un BTS assistant de gestion et une licence en Management des organisations. J’ai 8 ans d’expérience en tant qu’assistante administrative. J’ai exercé dans différents secteurs d’activité (organismes médicaux ou sociaux, scolaires, de formation, associatifs…). Et puis, j’ai vu une offre INRAE et j’ai décidé de passer le concours. A INRAE, ma mission consiste à assurer la gestion financière au sein de l’URZ dans un environnement multi-unités. J’établis et je contrôle la répartition et l’exécution du budget de l’unité, qui peut venir de subventions de l’Etat, des départements de tutelle, des contrats de recherche…

Océane : Quels sont les challenges de ces missions ?

Florély : Le challenge c’est de faire respecter le plan de financement, car il y a des contrôles des partenaires financeurs. En effet, ce sont des fonds publics et il faut les justifier avec les bonnes pièces. Par exemple, une feuille d’activités, ce n’est pas essentiel en soi, mais quand un agent ne la remplit pas, le financeur peut s’interroger car il n’a plus de visibilité sur les activités de cet agent impliqué dans le projet. Finalement, pour être gestionnaire, il faut aimer les chiffres c’est sûr, mais avoir le sens de l’organisation et la gestion des priorités. Il faut prioriser : par exemple, les achats d’alimentation animale, c’est prioritaire parce que les animaux n’attendent pas.

Océane : Quelles sont les particularités de travailler dans un centre de recherche ?

Florély : Il faut assurer une veille dans le cadre de son domaine d’activité. Il faut aussi respecter la politique d’achat et les procédures nationales et locales. C’est une justification constante, car il faut rendre compte de l’utilisation des fonds publics (de l’élaboration du budget relatif au projet, de son exécution jusqu’à sa justification finale). J’assure cette justification administrative et financière. J’ai la chance de travailler en binôme avec une gestionnaire RH. Son aide et ses conseils me sont précieux. Sur le centre INRAE Antilles-Guyane, les autres gestionnaires ainsi que le service budgétaire financier et comptable sont à l’écoute et sont là en appui en cas de doute et d’interrogation sur les procédures, c’est un plaisir d’évoluer dans un tel environnement. C’est un travail complémentaire car chacun est impliqué. Par rapport à mes postes précédents, à INRAE, je communique avec plusieurs acteurs pour accomplir mes missions. C’est un travail collectif.

Gérer le budget d’un projet : participer à l’identité du projet

Via ses missions de gestion du budget d’AgroEcoDiv, Florély reconnaît les marges de manœuvre qu’elle a, mais aussi les difficultés liées à l’insularité. Elle voit également le travail d’équipe nécessaire au bon déroulé du projet et estime que cela permet de s’identifier à celui-ci.

Océane : Concrètement, comment fonctionne le budget d’AgroEcoDiv ?

Florély : C’est un plan de financement conventionné auquel il faut se tenir. Il y a plusieurs postes de dépenses fléchées, c’est-à-dire spécifiquement et exclusivement dédiées à certains types de dépenses : les dépenses de fonctionnement (missions et déplacements, consommables), les prestations (traduction, analyses spécifiques, et autres sous-traitances,…). A côté de ces dépenses fléchées, il y a ce qu’on appelle les coûts indirects qui ne sont pas ou ne peuvent pas être liés directement au projet c’est-à-dire qu’il est difficile de déterminer avec précision la somme attribuable (fluides, petites fournitures, les frais d’approche ou autres frais expérimentaux...). C’est une partie du budget proportionnelle aux dépenses fléchées de fonctionnement et forfaitaire aux dépenses directes de personnel. C’est un poste intéressant car il permet d’ajuster le budget. Cependant, il faut être vigilant vis-à-vis de ces coûts indirects car si les dépenses fléchées ne sont pas respectées, on peut perdre une partie du budget total. C’est la raison pour laquelle il faut toujours garder une vision sur l’ensemble du projet.

Océane : Quelles sont les plus gros postes de dépenses en 2021 pour le projet AgroEcoDiv ?

Florély : Pour l’URZ, ce sont les dépenses de personnels temporaires et les dépenses d’aliments pour les porcs et les petits ruminants. Ensuite il y a les consommables de laboratoire (c’est-à-dire le matériel à durée d’utilisation limitée). Le problème des consommables, c’est qu’il y a des produits qu’on ne trouve pas au niveau local : on doit commander au national ou à l’international et ce poste peut chiffrer énormément. Le dédouanement peut coûter 4 fois le prix de la commande. Par exemple, pour l’achat de réactifs (produit destiné aux expérimentations) qui coûte 800 euros, on peut se retrouver avec une facture de 2000 euros à cause des taxes.

 Océane : Quels sont les aspects du projet AgroEcoDiv qui te parlent le plus ?

Florély : Lors de la visite de la ferme-pilote, j’ai apprécié la mise en valeur de la polyculture, le fait que plusieurs cultures étaient représentées sur une petite parcelle. Évidemment, j’adhère au modèle agroécologique adopté et je me rends compte qu’il est aussi appliqué au niveau des particuliers (jardin créole). De plus, en tant qu’acteur du projet, travailler en collaboration c’est valorisant pour chaque acteur, car on peut s’identifier à celui-ci. Je trouve cela intéressant aussi de me faire une interview : cela nous permet de prendre la parole sur le projet. En tant qu’administratifs, nous sommes le plus souvent de l’autre côté de la scène ! Enfin, je vois clairement l’intérêt de travailler avec les producteurs. Je pensais qu’il y avait des barrières entre la recherche et la production guadeloupéenne, mais je vois que c’est un travail d’équipe en réalité, et que chacun porte sa pierre à l’édifice.

 L’agroécologie dans la vie : jardiner, composter, trier, enseigner… et dialoguer !

Pour Florély, l’agroécologie s’exporte également dans sa vie personnelle à travers le jardinage, le compostage, le tri des déchets et la transmission à son fils. Elle reconnaît aussi l’importance du dialogue interprofessionnel pour construire l’avenir de l’agroécologie.

 Océane : Toi, l’agroécologie, dans ta vie personnelle, comment tu l’appliques ?

Florély : J’essaye de tenir un jardin où on utilise du compost. J’ai un fils et je lui apprends à trier : il trouve cela ludique. Le système éducatif se lie de plus en plus à cette cause : à l’école mon fils et ses camarades trient et ont un potager…

Océane : Est-ce que ta vision de l’agroécologie a évolué depuis que tu es à INRAE ?

Florély : Oui, et positivement. La mise en cohérence entre l’existant et les solutions à mettre en œuvre :  je constate à présent que l’agroécologie s’applique à partir de ce qui existe déjà, il est question d’analyser et de chercher des pistes d’amélioration à partir de l’existant. Concernant la recherche en agroécologique, j’ai réévalué la place de l’agriculteur dans le dialogue agroécologique, et je vois les initiatives qui sont menées pour travailler de concert.

Date de modification : 05 juin 2023 | Date de création : 29 novembre 2021 | Rédaction : O.Biabiany